deux chaises et le bureau-bibliothèque aux rayons dégarnis, je prétextai la fatigue. Il revint avec moi dans un restaurant, tenant à prendre une dernière consommation.
À peine étions-nous installés à une table qu’un jeune homme blond d’une trentaine d’années, à la peau laiteuse et qui se distinguait des autres blonds par deux aurifications à la mâchoire supérieure, s’approcha de nous. Il avait un large front plissé et les yeux un peu tristes de quelqu’un qui a honte d’avouer qu’il s’ennuie. Daniel le reconnut :
— Tiens, c’est Mareux !
Je connaissais aussi ce garçon, que nous avions perdu de vue depuis le collège. Il restait debout, sentant notre hostilité mais désireux de se joindre à nous. Voyant que nous avions interrompu notre conversation, il fit mine de s’éloigner. Je le retins :
— Assieds-toi donc.
— Ça ne vous dérange pas ?
Il portait un complet beige au pli irréprochable, des chaussures jaunes, des bas verts et une