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Page:Charbonneau - Les Désirs et les jours, 1948.djvu/107

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DEUXIÈME PARTIE

I

Après la mort d’Eugénie et le départ de Pierre, Bernard Massénac tint conseil presque tous les jours dans les tavernes. Il y jouissait d’une grande popularité. Ses airs de penseur en imposaient ; son indulgence pour les vices d’autrui, sa prodigalité faisaient le reste.

Il aimait par dessus tout la pompe, les cérémonies. C’était une sorte de Louis XIV barbare, toujours en représentations, même dans sa maison où, depuis la mort de sa femme, il entretenait à l’année une dizaine de parasites. Il ne dédaignait pas de prêter main-forte dans les déménagements et ne sortait qu’entouré de trois ou quatre forts à bras, prêts à toutes les besognes. Son train de vie était considérable et il récompensait généreusement les moindres services. N’ayant aucune prétention intellectuelle, il disait à qui voulait l’entendre : « Je n’ai aucune instruction et je ne suis pas plus


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