Aller au contenu

Page:Charbonneau - Les Désirs et les jours, 1948.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
108
LES DÉSIRS

fin qu’un autre, mais avec Massénac vous avez un homme qui prend vos intérêts et qui fait de vos intérêts les siens. » Presque tous les sans-métier travaillaient pour lui, mangeaient gratuitement dans ses tavernes et buvaient à ses frais. Bernard Massénac représentait une grande force politique.

Il s’occupait depuis toujours de politique municipale, à titre d’organisateur. En récompense de ses services, il avait été nommé à la présidence de la commission des travaux de secours et il participait largement à l’octroi du menu patronage de Deuville.

Amis et ennemis reconnaissaient son « fairplay ». On savait qu’il était incapable de rancune ou même de ressentiment. Il ne ménageait pas ses adversaires et n’entendait pas qu’on le ménage ; mais au lendemain de l’élection où il triomphait invariablement, il allait rencontrer ses adversaires et faisait solennellement la paix.

Bernard Massénac n’était pas un inconnu pour Auguste Prieur. Le jeune avocat avait entrevu le tribun une ou deux fois dans sa jeunesse, mais depuis le départ de son ami Pierre, il ne l’avait pas revu. Il connaissait comme