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ET LES JOURS

Mme Prieur est vêtue d’une robe de serge grise. Le matin, elle sort de sa chambre toute attifée, jusqu’aux cheveux qu’elle a fort longs et qu’elle prend une éternité à placer.

Les enfants mangent sans goût leur gruau d’avoine, la tête penchée dans leur assiette. Ils ont hâte d’être libres, d’explorer leur nouveau domaine. Mme Prieur leur dit : « Vous pouvez aller jouer maintenant. » Mais ce matin, elle ajoute :

— Je vous défends d’entrer dans l’écurie ou dans la cave.

La cave ouvre sur la cour par une porte obli­que à deux battants qu’Auguste a repérée de sa fenêtre.

— Est-ce que nous avons un cheval ? deman­de Claude.

— Non. Nous n’avons pas de cheval, mais ton père va acheter deux petits cochons.

— Est-ce que nous sommes riches mainte­nant ? demande Auguste.

— Non.

— Est-ce que nous sommes pauvres ?

— Non plus. Nous sommes à l’aise, mais on ne parle pas de ces choses.