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Page:Charbonneau - Les Désirs et les jours, 1948.djvu/153

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ET LES JOURS

sieur Bérard qui a introduit M. Bernard Massénac dans votre bureau.

Lucien Bérard est l’associé de Prieur et le fils du fondateur de la société. Auguste sent tomber sa colère. Il rentre dans son bureau.

En dépit de sa malpropreté, de ses chaussures délavées, Bernard Massénac en impose. Cet homme, on le sent, n’a jamais eu froid aux yeux.

— Tu n’as pas besoin de faire ton Prince de Galles avec moi, dit-il.

Ce tutoiement, cette insolence, achèvent de le rendre antipathique. Sans attendre la réponse, il continue :

— Tu te demandes ce que je fais ici ?

— Je ne vous comprends pas, dit froidement le député.

Bernard Massénac éclate d’un gros rire et dit sans cesser de mâcher son infect cigare :

— Maintenant parlons sérieusement. Tu me reconnais. Je suis Massénac, l’homme qui a gagné ton élection. Nous allons nous voir souvent à partir de lundi ; autant être en bonnes relations, hein !

Auguste se rappelle sa première surprise au lendemain de l’élection de recevoir un compte