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Page:Charbonneau - Les Désirs et les jours, 1948.djvu/172

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LES DÉSIRS

s’impatiente du peu d’intérêt que son défenseur prend à cette procédure. Il y voit un mauvais présage. Prieur sourit et de la main signifie à son collègue de la Couronne qu’il n’entend récu­ser aucun des appelés. Les jurés prêtent ser­ment et la séance commence. Prieur est debout, dynamique et agressif.

Le député de Deuville n’a pas de peine, dès le début du procès, à montrer l’hostilité des té­moins de la police, congédiés depuis les élec­tions. Ces préliminaires amusent la foule et le jury et permettent à Prieur de montrer dès le début l’intention politique cachée sous l’accu­sation.

Mais c’est une surprise, même pour le jeune Migneron, à qui Nachand a confié la poursuite, quand Prieur s’objecte à la production de la preuve obtenue illégalement.

Pour le public qui remplit la salle d’audience comme pour le jury, le procès devient une joute entre la défense et la Couronne, où l’accusé est oublié. Le juge et le Procureur sont bien dis­posés envers le député, tout le monde le sait, mais celui-ci ne paraît attendre d’eux aucune faveur. Et cela même, aux yeux du jury, gran­dit son prestige.