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LES DÉSIRS

reste debout et met Léonard en joue. Le caillou heurte avec force la pointe de la chaussure de l’intrus. Le duel est inégal.

— Si tu veux te battre, avance comme un homme, crie Léonard, qui a pâli quand Massénac l’a visé au pied.

— Je suis ici pour chasser. Et, si tu me déranges, je te ferai courir à ma façon.

— Tu es brave avec une fronde !

— Deuxième avertissement, dit Massénac et il envoie un caillou ricocher sur la cheville de Léonard. Celui-ci pousse un cri de colère et prend ses jambes à son cou. Ses acolytes n’ont pas attendu son signal pour déguerpir. Hors de la portée de la fronde, ils s’arrêtent.

— Fils de quêteux, crie Léonard.

Un éclair de haine passe dans le regard de Massénac. Mais il ne poursuit pas l’insulteur. Sans le savoir, Léonard l’a blessé profondément. Massénac sait depuis peu qu’il n’est pas le fils de Bernard et d’Eugénie Massénac ; sa mère est une ancienne femme de ménage des Massénac qui a vendu son enfant. De son père, il ne sait rien. Il n’a parlé de son secret à personne, pas même à Auguste Prieur qui est son ami. Mais Pierre se méfie de l’intelligence d’Auguste.