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LES DÉSIRS

Germaine ne peut résister au plaisir de tourmenter le jeune homme. D’autre part, elle éprouve une certaine supériorité à aborder ce sujet devant la mère de son ami qu’elle juge très sévère.

— Les jeunes filles ne l’intéressent pas, dit Mme Prieur. D’ailleurs, l’étude et l’amour sont comme l’eau et le feu : il faut choisir.

— Voulez-vous dire que les étudiants ne fréquentent pas de jeunes filles ?

— Les autres, je ne sais pas, mais Auguste sortira avec les jeunes filles le jour où il aura le moyen de faire vivre une femme.

— Il va attendre longtemps… Quel mal voyez-vous à ce qu’il se déniaise en sortant un peu.

— Il se déniaisera bien assez tôt. Il est heureux ainsi.

— Maman sait que je rencontre des garçons, reprend Germaine.

— Ce n’est pas la même chose, dit Mme Prieur, sur un ton de finalité.

Auguste avait horreur du portrait que les siens faisaient de lui. Sa mère n’avait que trop de tendance à parler du bon petit garçon qu’il était. Il redoutait que pour le faire admirer,