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LES DÉMONIAQUES DANS L’ART.

C’est une grande gravure in-4o avec encadrement, datée de 1630, signée, et dédiée au très illustre seigneur D. Christofono Bronzini.

Elle représente une scène d’exorcisme. Une jeune femme possédée est amenée par deux hommes. Elle se renverse en arrière et est presque entièrement soulevée par un fort gaillard dont le bras est passé autour de sa taille. Les deux bras sont étendus, la tête est penchée de côté, la bouche ouverte et tordue, etc. ; l’œil exprime la souffrance.

La délicatesse de la jeune possédée, dont le corps disparait presque sous les plis de la robe, ses traits gracieux à peine déparés par la torsion de la bouche, et encadrés par de longs cheveux retombant sans être épars, la pose des bras et des jambes qui n’ont rien de convulsif, composent un ensemble qui, loin d’avoir rien d’effrayant, est charmant à voir, mais qui ne saurait avoir d’autres prétentions que celles d’une agréable fantaisie.

Enfin quelques traits piquants, tels que la bonhomie du prêtre qui cherche dans son livre l’oraison qui doit calmer toute cette agitation, la frayeur du jeune enfant de chœur qui se cache derrière l’exorciste, les sentiments divers qui partagent l’assistance, parmi laquelle on distingue de fort grandes dames, au premier plan un malingreux et un hallebardier, ajoutent à l’intérêt tout pittoresque de l’œuvre du maître lorrain.


SAINT MARTIN GUÉRISSANT UN POSSÉDÉ

TABLEAU DE JORDAENS (NÉ EN 1594, MORT EN 1678). MUSÉE D’ANVERS

Le musée d’Anvers possède un tableau important de Jordaens, un saint Martin guérissant un possédé.

La scène est disposée sur les degrés d’un escalier aboutissant à un portique. Saint Martin s’avance escorté de son porte-crosse et de deux religieux pour exorciser l’énergumène maintenu à grand’peine par quatre hommes vigoureux. En haut de la composition, le proconsul romain domine la scène et constate le miracle qui doit décider de sa conversion.

Ce tableau fut exécuté pour le maître-autel de l’église de Saint-Marlin de Tournai. Nous en avons trouvé une bonne gravure à la Calcographie du Louvre ; nous en donnons ici un fac-similé très réduit.

Jordaens travailla avec Rubens, mais il ne fut pas à proprement parler son élève. Dans ses œuvres il conserve son originalité, « Tous les deux, dit Charles Blanc, sont de la même famille,