Page:Chardon - Antonia Vernon.djvu/11

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et joli visage, tenant en main un portefeuille vert qui renfermait quelques dessins au crayon noir et à la sanguine, faits par elle d’après nature ou copiés au Louvre sur les ouvrages des grands maîtres, Antonia cheminait d’abord sans distraction, marchant à pas pressés pour rentrer promptement dans sa demeure, située aux Champs-Élysées, tout en haut, sous les toits d’une de ces grandes maisons qui avoisinent l’arc de Triomphe de l’Étoile.

Mais l’aspect enchanteur des lieux qu’elle parcourait la fit, petit à petit, sortir de ces tristes préoccupations personnelles. C’était une belle journée d’automne. Le matin avait été un peu brumeux, et vers midi le soleil venait de vaincre et de disperser les nuages. Le froid d’une nuit de gelée avait cédé à ses rayons encore chauds ; ce qui restait d’humidité sur les branches à moitié dépouillées des arbres se changeait alors en gouttes cristallines, qui brillaient comme autant de diamants à la vive lumière du soleil. Car c’était au milieu du jour, entre deux et trois heures ; le ciel était superbe. Antonia, naturellement attirée vers tout ce qui était beau, ne put résister à l’impression produite par l’étendue majestueuse qui se développait sous ses yeux ; elle marcha directement aux lacs, de façon à embrasser de ses regards toutes les lignes harmonieuses du paysage. Alors elle leva son voile, regarda et laissa s’échapper de sa poitrine oppressée comme un sou-