Page:Chardon - Antonia Vernon.djvu/19

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soins d’une jeune fille, car Antonia avait volé à son secours, et pensant que son intervention était inutile, elle se disposait à reprendre sa course, lorsque le jeune homme cria d’un ton hautain :

« Jeanneton ! »

À peine ce nom fut-il prononcé avec un sentiment d’autorité, que la jeune femme, déjà lancée pour partir, se retourna et ramena brusquement son cheval sur le groupe que formait la vieille, Antonia et le jeune homme, qui avait mis pied à terre. Le visage de Jeanne était pourpre de colère, et sa cravache agitée, violemment dans sa main, semblait menaçante ; mais le jeune homme, avec un sourire méprisant et d’une indicible ironie, paralysa tout à coup ses mouvements. La colère restait, il est vrai, seulement elle s’était cachée. Une pâleur mate annonçait qu’une vive commotion avait lieu dans une âme altière et irascible ; mais toute manifestation avait cessé et Jeanne était sur son cheval, immobile comme une statue de marbre.

La vieille n’était pas blessée ; revenue vite de sa frayeur, elle regardait avec les yeux flamboyants de sa tête de mort, le visage de ceux qui étaient là… Portant ses regards tour à tour du jeune homme à la femme qui l’avait renversée ; puis, s’attachant particulièrement à elle, on la vit l’examiner attentivement des pieds à la tête, sa toilette, son air irrité que le silence ne dissimulait pas, le pli de son front