Page:Chardon - Antonia Vernon.djvu/18

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qui semblait être à son apogée. Ses traits réguliers, quoique un peu forts, étaient rendus plus délicats par un léger embonpoint, qui leur conservait en même temps le frais incarnat de la jeunesse. Son visage était plein et coloré, sa taille développait des formes riches, et toute sa personne annonçait la force et la santé. Elle n’eut pas l’air d’avoir fait la moindre attention à la chute de la vieille femme, et elle eût continué aussi vivement sa course si le cheval, plus compatissant peut-être, n’eût ralenti ses pas. Mais elle venait de l’exciter par un coup de cravache, lorsqu’une voix se fit entendre derrière elle et cria : Jeanne !…

C’était un grand jeune homme de vingt-cinq à trente ans, aux formes sveltes et aristocratiques. Sa figure était allongée, ses traits fins, le son de sa voix sonore, toute sa personne élégante ; il montait un beau cheval de race et un domestique à cheval et en livrée le suivait de loin.

Le son de sa voix avait eu quelque chose d’affectueux en prononçant le nom de la femme, qui partait au galop presque en même temps ; mais cette voix devint formidable quand il le répéta en ajoutant :

« Jeanne ! vous avez renversé quelqu’un. »

Jeanne, par un mouvement machinal d’obéissance à cette voix, fit retourner son cheval ; mais ayant vu que la vieille femme était remise sur pied par les