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Page:Charles BONNET 1769 La Palingénésie philosophique ou Idées sur l'état passé et l'état futur des êtres vivans - tome 1.djvu/178

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Ce métal lui représente les valeurs, dont il est le signe. Il ne jouit pas actuellement de ces valeurs ; mais, il se propose toujours d’en jouir, & il en jouit en idée. Il fait de son or toutes sortes d’emplois imaginaires, & les mieux assortis à ses goûts & à sa vanité. Il n’oublie point sur tout de se comparer tacitement à ceux qui ne possèdent pas ses richesses. De là naît dans son ame une certaine idée d’indépendance & de supériorité, qui le flatte d’autant plus que tout son extérieur annonce moins.

L’or tient donc dans le cerveau de l’avare à un faisceau principal, & ce faisceau est lié à une foule d’autres, qu’il ébranle sans cesse. À ces faisceaux subordonnés ou associés sont attachées les idées de maisons, d’équipages, d’emplois, de dignités, de crédit, &c. &c. Et combien de faisceaux ou de fascicules tiennent encore au faisceau approprié au mot crédit !

Si la morale parvenoit à substituer à l’idée dominante de l’or celle de libéralité ou de bénéficence ; si elle associoit fortement à cette idée toutes celles des plaisirs & des distinctions réelles attachées à la bénéficence ; si elle prolongeoit