Aller au contenu

Page:Charles BONNET 1769 La Palingénésie philosophique ou Idées sur l'état passé et l'état futur des êtres vivans - tome 1.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

faire admettre. J’avouerois donc volontiers que cette philosophie est fort de mon goût. J’aime à me persuader que ces fleurs qui parent nos campagnes & nos jardins d’un éclat toujours nouveau, ces arbres fruitiers dont les fruits affectent si agréablement nos yeux & notre palais, ces arbres majestueux qui composent ces vastes forêts que les tems semblent avoir respectées, sont autant d’êtres sentans qui goûtent à leur manière les douceurs de l’éxistence. »

J’ajoûtois immédiatement après : « Nous avons vu qu’on ne trouvoit dans la plante aucun organe propre au sentiment : mais si la nature a dû faire servir le même instrument à plusieurs fins ; si elle a dû éviter de multiplier les piéces, c’est assurément dans la construction de machines extrêmement simples, tel que l’est le corps d’une plante. Des vaisseaux que nous croyons destinés uniquement à conduire l’air ou la sève, peuvent être encore dans la plante le siège du sentiment ou de quelqu’autre faculté dont nous n’avons point d’idée. Les nerfs de la plante différent, sans doute, autant de ceux de l’animal, que la structure