Aller au contenu

Page:Charles BONNET 1769 La Palingénésie philosophique ou Idées sur l'état passé et l'état futur des êtres vivans - tome 1.djvu/366

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

même merveille, si à présent c’en est une au sens du vulgaire. Ce n’est jamais qu’une espèce de boyau qu’on retourne & qu’on recoupe : il est vrai que ce boyau a une tête, une bouche, des bras, qu’il est un véritable animal ; mais l’intérieur de cet animal est comme son extérieur, ses viscères sont logés dans l’épaisseur de sa peau, & il répare facilement ce qu’il a perdu. Il est donc après l’opération ce qu’il étoit auparavant. Tout cela suit naturellement de son organisation ; l’adresse de l’observateur fait le reste. Le plus singulier, pour nous, est donc qu’il éxiste un animal fait de cette manière : nous n’avions pas soupçonné le moins du monde son éxistence, & quand il a paru, il n’a trouvé dans notre cerveau aucune idée analogue du régne animal. Nous ne jugeons des choses que par comparaison : nous avions pris nos idées d’animalité chés les grands animaux, & un animal qu’on coupe, qu’on retourne, qu’on recoupe & qui se porte bien, les choquoient directement. Combien de faits, encore ignorés, & qui viendront un jour déranger nos idées sur des sujets, que nous croyons connoître ! Nous en sçavons au moins assés pour que nous ne devions être