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Page:Charles BONNET 1769 La Palingénésie philosophique ou Idées sur l'état passé et l'état futur des êtres vivans - tome 1.djvu/380

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grand intérêt à écarter ici de l’esprit de mes lecteurs, toute idée d’insecte. Il y a toujours quelqu’idée d’imperfection enveloppée dans celle-là. Quoique la division des animaux en parfaits & en imparfaits, soit la chose du monde la moins philosophique ; elle ne laisse pas d’être assés naturelle & très commune. Or, dès qu’on parle d’un animal imparfait, l’esprit est déjà tout disposé à lui attribuer ce qui choque le plus les notions communes de l’animalité ; il croira de cet animal, tout ce qu’on voudra lui en faire croire, & le croira sans effort : témoin l’opinion si ancienne & si ridicule, que les insectes naîssent de la pourriture : eut-on jamais fait naître de la pourriture, je ne dis pas un éléphant, un cheval, un bœuf ; je dis seulement un liévre, une belette, une souris ? Pourquoi ? C’est qu’une souris, comme un éléphant, est un animal réputé parfait, & qu’un animal parfait ne doit pas naître de la pourriture.

La salamandre est donc un animal parfait, à la manière dont la souris en est un pour le commun des hommes. La salamandre est aussi bien un quadrupède que le crocodile. Ses jambes sont garnies de doigts articulés & fléxibles ;