végétatives pour expliquer toutes les productions & reproductions végétales & animales. On chargeoit ces natures ou ces ames du soin d’organiser les corps ; on imaginoit qu’elles étoient les architectes des édifices qu’elles habitoient, & qu’elles sçavoient les entretenir & les réparer. Nous nous étonnons aujourd’hui qu’un Redi, ce grand destructeur des préjugés de l’ancienne école, & qui avoit démontré le premier la fausseté des générations équivoques, eut recours à une ame végétative pour rendre raison de l’origine des vers qui vivent dans l’intérieur des fruits & de bien d’autres parties des plantes. Il semble qu’il devoit lui être très facile, après avoir découvert la véritable origine des vers de la viande, de conjecturer que ceux des fruits avoient la même origine, & qu’ils provenoient aussi d’œufs déposés par des mouches. Mais, il n’avoit pas été donné à cet Hercule de terrasser tous les monstres de l’école. On ne parvient guères à secouer tous les préjugés, même dans un seul genre. Quand un génie heureux s’éléve un peu au-dessus de son siècle, il retient toujours quelque chose du siécle qui l’a précédé, & de celui dans lequel il vit. Ses erreurs & ses méprises sont un tribut qu’il paye