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Page:Charles BONNET 1769 La Palingénésie philosophique ou Idées sur l'état passé et l'état futur des êtres vivans - tome 1.djvu/416

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à l’humanité, & qui console de sa supériorité les ames vulgaires. Souvent le vrai n’est séparé du faux que par une chaîne d’atomes, & chose étrange ! Cette chaîne équivaut pour l’esprit humain à celle des cordelières. Kepler, le célèbre astronome Kepler, qui avoit découvert les deux clefs du ciel & les avoit livrées au grand Newton, n’y étoit point lui-même entré. Tout ce que sa philosophie sçut faire, fut de placer dans les corps célestes des intelligences ou des ames chargées d’en diriger les mouvemens. Newton, plus heureusement né & doué d’un génie plus philosophique, se servit mieux des fameuses clefs, pénétra dans le ciel, en chassa les intelligences rectrices, & leur substitua deux puissances purement méchaniques, dont la merveilleuse énergie suffit à tout, & auxquelles tous les astres sont demeurés aveuglément soumis.

Lors qu’on ne connoissoit point encore les étonnantes reproductions du polype, on connoissoit au moins celles des pattes & des jambes de l’écrevisse. Un illustre naturaliste, qui s’en étoit beaucoup occupé, en avoit instruit en 1712 le monde sçavant, & en avoit