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GRAMMAIRE DES ARTS DU DESSIN.

rond ! Le tailloir simple du chapiteau grec, ce tailloir qui s’annonçait par une bande de lumière et qui accusait si nettement sa fonction, le Romain y traîne un filet ou une moulure qui affaiblissent l’image en la divisant… Viennent ensuite les architectes de la Renaissance, qui, oubliant le vrai caractère de l’ordre, se plaisent à enjoliver leur quart de rond en y taillant des oves, et leur gorgerin en y figurant un ornement déplacé : des roses. Et Vignole transforme en règles ces faux exemples, et cela fait loi dans toutes les écoles !

Mais l’entablement est bientôt aussi défiguré que la colonne. Les Grecs avaient donné à la hauteur de l’architrave plus que le demi-diamètre de la colonne (un tiers en sus environ) : les Romains, méconnaissant la signification


dorique romain


de l’ordre dorique, la force, ont réduit l’architrave jusqu’à lui donner seulement la proportion d’un demi-diamètre, comme d’ailleurs Vitruve le prescrit. Ainsi la maîtresse poutre est devenue, dans le plus solide des trois ordres, moins forte en réalité et en apparence que ce qu’elle porte : au lieu d’avoir une hauteur égale à celle du triglyphe, elle n’est pas plus haute que le triglyphe n’est large, et l’axiome que le fort doit porter le faible se trouve renversé !

Arrivé à la frise, l’artiste romain continue ses altérations. Le triglyphe, qui était chez les Grecs à l’aplomb de l’architrave, il le place, lui, en surplomb, et il se croit alors obligé de figurer sous chaque triglyphe une sorte de petite base en ressaut. De cette manière, la bandelette simple et lisse qui distinguait l’architrave de la frise, en formant une horizontale continue et bien prononcée, se trouve interrompue par les saillies que font les bases des triglyphes et par les petites ombres qu’elles projettent… Ce