vage ridicule, ou, tout au moins, un curieux barbare, une sorte de talapoin cinghali, voyageant et me montrant pour le plus grand plaisir de leur société. Si, par malheur, il y avait eu par là quelque barnum ambulant, c’en eût été fait de moi ; on m’y eût interné d’urgence à la manière de nos Omahas et de nos Tamouls nomades, sous l’étiquette : Peau blanche, barbare et intraitable venu des pays du soleil brûlant. »
Résoudre la question complexe de l’origine du Coréen ou bien recueillir quelques données qui pourraient servir comme argument sérieux dans la solution de ce problème, voilà ce qui m’engageait à entreprendre un voyage en 1888 à l’île de Quelpaërt, laquelle, d’après une note trouvée dans les Annales chinoises, fut indiquée comme étant le quartier-général des Khâns conquérants, Ghenkis et Koublai.
Cette note, la voici :
« Dans la sixième année de Tchaoting (1234 de notre ère), sous la dynastie Soung, l’empereur des Mongols, Ogadaï, envoya son général, Sa-li-tha, à l’île de Tchae-Tchiou, le vrai nom de Quelpaërt, pour conquérir la Corée. »
Envoyé comme secrétaire de la légation des États-Unis en Corée, en 1887, j’ai profité d’un congé de deux mois pour mettre à exécution une visite à Quelpaërt ; grâce à mes relations officielles à la cour de Séoul, j’ai pu obtenir une lettre de Sa Majesté Li pour le gouverneur de l’île, et, après maints obstacles, je suis parvenu à pénétrer dans la capitale même de l’île mystérieuse.
III. — DE NEW-YORK À SÉOUL
Le 3 septembre 1887 je quittai New-York pour mon poste lointain, et après un séjour à San-Francisco, m’embarquais à bord du City of Peking, de la Compagnie le Pacifique-Mail, pour Yokohama, on nous arrivâmes le 10 octobre, — vingt jours de mer sans escale. Je n’étais donc pas fâché d’apprendre qu’il fallait y attendre une huitaine de jours le départ du steamer le Higo-Maru, de la Compagnie japonaise le Nippon-Yusen-Kaisha, faisant le service entre Yokohama et Nagasaki, en correspondance avec Tchemulpo, port ouvert de la Corée.