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Page:Charles Chaillé-Long - La Corée ou Tchösen.djvu/82

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ANNALES DU MUSÉE GUIMET



La légende de la bonzerie de la Cime de Sol-Pong, écrite par le vieux bonze Sso-San.


« Avant de monter sur le trône, le roi Tadjo a fait un songe dans lequel il a entendu les coqs de dix mille maisons qui chantaient tous à la fois, et les pierres (sur lesquelles on bat le linge) de mille maisons résonner en même temps. Il a rêvé, en outre, qu’il entrait dans une chambre en ruines, portant trois chevrons sur son dos, et qu’il en sortait peu après. Le célèbre bonze Mou-Hak expliqua ce songe de la manière suivante : Les coqs des dix mille maisons chantaient en chœur pour louer et féliciter Tadjo de sa future grandeur (Ko-Koui-Oui-Ko-Kori-Ko)[1], et les pierres des mille maisons résonnaient en même temps pour avertir ce dernier qu’il serait bientôt nommé roi. Quant aux trois chevrons qu’il portait sur son dos, c’était l’image du caractère ouang ()[2]. Voilà la raison pour laquelle on a appelé la bonzerie en question Sok-Ouang-Sa (monastère du roi annoncé par les disciples de Bouddha). »



Histoire de Sok-Ouang-Sa, écrite par le vieux bonze Sso-San.


« 1o Dans le courant de la 10e année Kap-tcha du règne du roi de Kaoli, appelé Sin-Ou, du règne de Hong-Mou, empereur chinois de la dynastie des Ming, Son-Kié (devenu plus tard roi sous le nom de Tadjo) se transporta de Kôm-Ma à Hak-Song où il bâtit une maison en chaume pour son usage. Il avait un caractère très libéral et ses manières d’agir différaient de celles du vulgaire ; ce qui lui valut de la part de ses voisins l’épithète de grand homme. Un soir, dans un rêve, il entendit les coqs de dix mille maisons chanter tous à la fois et les battoirs (pour repasser le linge) de mille

  1. L’expression chinoise « Ko-Koui-Oui » signifie littéralement : « Vous obtiendrez une position superbe et élevée. » C’est également une onomatopée rappelant le cri du coq en Corée : « Ko-Koui-Oui ! » ; c’est notre Ko-Ko-Ri-Ko ! Ko-Ko-Ri-Ko !
  2. En chinois, trois, c’est : (). Le même caractère, traversé par une ligne perpendiculaire, signifie roi et se prononce : ouang (). Les trois barres horizontales sont donc, dans l’esprit du célèbre bonze, les trois chevrons, et la ligne transversale, c’est le dos du roi.