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pouvez, Monsieur. Oui, vous ferez pour le roi dolent le miracle qui sauva le forgeron. Alors pourrai-je aller en paradis vous bénir et glorifier durant les siècles des siècles. Sauvez-moi, Monsieur saint Joseph, sauvez-moi. Amen. »

Et le diable roi se signant tour à tour, se battant la poitrine et marmonnant force patenôtres, se leva et dit à Smetse : « Ensacque-moi, forgeron. »

Ce que fit Smetse bien subtilement, coula le diable dans le sac, laissant seulement passer la tête, serra autour du col le fort cordon, et posa le diable sus une enclume.

À ce spectacle les manouvriers s’éclaffèrent de rire, battirent des mains et s’entredirent mille choses joyeuses.

— « Forgeron, » interrogea le diable, « ces Flamands se gaussent-ils de moi ? »

— « Oui, Sire. »

— « Et que disent-ils, forgeron. »

— « Ha, Sire, ils disent qu’à l’avoine se prennent chevaux ; au foie, chiens ; au chardon, baudets ; au bran, pourceaux ; au sang caillé, truites ; au fromage, carpes ; au goujon, brochets, et les cafards de votre farine à des récits de faux miracles. »

— « Ho ! le traître forgeron, » ulla le diable grin-