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çant des dents, « il a pris en vain le nom de Monsieur saint Joseph, il a menti sans vergogne ! »

— « Oui, Sire. »

— « Et tu m’oserais battre comme Jacob Hessels et mon fidèle duc ? »

— « Davantage, Sire. Toutefois vous serez battu si le voulez, et libre s’il vous plaît, libre me rendant le pacte, battu vous obstinant à me vouloir emporter. »

— « Te rendre le pacte ! » ulla le diable, « j’aimerais mieux souffrir mille morts en un moment. »

— « Sire roi. » dit Smetse, « je vous conjure de songer à vos os, lesquels ne me semblent jà bien valides, pensez aussi que l’occasion nous est belle de revancher sus vous notre pauvre Flandre tant ensanglantée de votre fait ; mais il me déplaît de repasser là où a passé la colère du Dieu très-juste. Adoncques hâtez-vous de me rendre le pacte, faites-moi grâce, Sire roi, ou il pleuvra tantôt.

— « Faire grâce, » dit le diable, « faire grâce à Flamand, périsse plutôt Flandres ! Ha, que n’ai-je, un seul jour, puissance, armées et trésors autant que j’en veux, Flandres aurait trépassé vitement. Lors on y verrait la famine régner, séchant le sol, tarissant l’eau des sources et la vie des plantes, les blêmes et derniers habitants des villes dépeuplées y errer comme