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et fromages ; de même les beaux crusats, angelots, philipdalers et autres monnaies qui furent toutes changées en boissons et nourritures. Et les diables s’entredaubèrent, cognèrent, blessèrent, ne formant qu’une masse de monstres combattant, ullant et sifflant à qui aurait davantage. Quand il ne resta plus goutte ne miette, l’homme qui était sur le char fit un signe, et tous les diables se fondant en eau noire coulèrent en la rivière, où ils disparurent ; et l’homme quitta le ciel.

Et Smetse Smee était pauvre comme devant, sauf un beau petit sac plein de royaux d’or, lequel la femme avait par grand hasard aspergé d’eau bénite et qu’il garda non obstant qu’il vînt du diable. Ce qui ne lui profita du tout. Et il vécut bien jusqu’à ce qu’il mourut soudainement en sa forge, à l’âge avancé et béni de nonante et trois ans.

XV.

Étant mort, son âme s’en fut vers l’enfer, vêtue forgeronniquement. Y venant il vit, par les fenêtres ouvertes, les diables qui l’avaient effrayé en se montrant sus la Lys, et qui présentement géhennaient et tour-