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mentaient de leur mieux les pauvres damnés. Et Smetse vint au portier ; mais cettui-ci, le voyant, ulla bien effroyablement : « Smetse est là, Smetse Smee, le traître forgeron. » Et il ne le voulut point laisser entrer. Ouyant le vacarme, Monseigneur Lucifer, Madame Astarté et toute sa cour vinrent aux fenêtres, et tous les diables pareillement.

Et tous s’écrièrent par peur :

— « Fermez les portes, c’est Smetse qui a charme, Smetse le traître forgeron, Smetse le batteur des pauvres diables. S’il entre céans, il bouleversera, gâtera, brisera tout. Au large, Smetse ! »

— « Messieurs, » dit Smetse, « si je viens en ce lieu considérer vos mufles, qui ne sont beaux, je l’affie, ce n’est du tout pour mon plaisir ; au demourant, je ne suis point désireux d’entrer chez vous. Adoncques ne menez point si grand bruit, messieurs les diables.

— « Oui-da, beau forgeron, » répondit Madame Astarté, « tu fais patte de velours présentement, mais quand tu seras en notre logis ; tu montreras tes griffes et ta méchanceté félonne, et tu nous feras mourir, moi, mon bon époux et mes amis. Escampe, Smetse ; escampe, forgeron. »

— « Madame, » dit Smetse, « vous êtes la plus belle diablesse que je vis oncques, ce ne vous est toutefois