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ron : ce que firent les anges hallebardiers bien subtilement.

Cependant Smetse ne cessait de frapper sus la porte à grands coups, et se lamentait, plourait et s’écriait : « Monsieur, ayez pitié de moi, daignez me faire entrer, Monsieur ; je me repens de tous mes péchés commis, voire même des autres ; Monsieur, baillez-moi permission d’entrer dans le benoît paradis ; Monsieur… » Mais Monsieur, ouyant ce, passa la tête au-dessus du mur :

— « Forgeron » dit-il, « si tu persistes à mener si grand tapage, je te fais mener en purgatoire. »

Et le pauvre Smetse se tut, et il s’assit sur son séant, et il passa bien tristement les jours à regarder ceux qui entraient.

Et ainsi s’écoula une semaine, en laquelle il ne vécut que de quelques petits pains qu’on lui jetait par-dessus le mur, et de raisins cueillis à une méchante vigne, laquelle couvrait un pan extérieur du mur du bon paradis.

Et Smetse fut bien mélancolique menant cette paresseuse existence. Et il chercha en sa tête quelque besogne pour s’ébaudir un petit. L’ayant trouvée, il s’écria bien fort, et Monsieur saint Pierre passa la tête au dessus du mur.

— « Que veux-tu, Smetse ? » dit-il.