Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 240 —

— « Non ! » répondit Monsieur saint Pierre. »

— « Ha ! Monsieur, » dit Smetse bien piteusement, si c’est pour ce que de mon vivant je vendis mon âme au diable, je vous ose affier que je me suis bien repenti et racheté de ses griffes, et n’ai rien gardé de ses biens. »

— « Fors un sac plein de royaux, » répondit Monsieur, « et pour ce tu n’entreras céans. »

— « Monsieur, » dit le forgeron, « je ne suis tant coupable que vous le croyez bien ; le sac était en mon logis demouré à cause qu’il avait été béni, et pour ce fait l’avais-je cuidé pouvoir garder. Mais prenez-moi en pitié, car je ne savais ce que je faisais. Daignez aussi considérer que je viens de lointain pays, que je suis grandement fatigué et me délasserais en ce bon paradis voulentiers. »

— « Trousse tes guenilles, forgeron, » dit Monsieur, qui tenait la porte entre-bâillée.

Cependant Smetse s’était glissé à travers l’ouverture, et ôtant vitement son tablier de cuir, il s’y assit disant :

— « Monsieur, je suis sus mon bien, vous ne me pouvez ôter d’ici. »

Mais Monsieur saint Pierre manda à une troupe d’anges hallebardiers qui étaient là de chasser le forge-