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de tout ce qui est bonté, amour, justice, savoir et beauté, et aussi des meilleurs moyens de bien gouverner et rendre heureux les hommes. Leurs paroles sont comme musique. Et à chacun moment ils jettent sus les mondes les semences des belles, bonnes, justes et vraies idées. Mais les hommes sont si méchants et niais qu’ils écrasent lesdites semences ou les laissent sécher. Plus loin, établis en divers lieux, se tiennent les potiers et orfévres, maçons, peintres, tanneurs et foulons, charpentiers et constructeurs de navires, et faut voir quels beaux ouvrages ils produisent chacun en leur métier. Et à toutes fois qu’ils ont fait quelque progrès, ils en jettent aussi la semence sus les mondes, mais elle est perdue souventefois. »

— « Femme, » dit Smetse, « n’as-tu point vu de forgerons ? »

— « Si, » dit-elle.

— « Las, » dit-il, « je voudrais bien besogner avec eux, car j’ai honte de me devoir tenir ici vivant comme ladre, rien ne faisant et mendiant mon pain. Mais, femme, écoute : puisque Monsieur Saint Pierre ne me veut laisser entrer, va demander grâce pour moi à Monseigneur Jésus, qui est si bon et me l’octroiera assurément. »

— « J’y vais, » dit-elle, « mon homme. »