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le peuple du pôle

d’autres ptérodactyles, — ils n’avaient pas cru devoir rester dans la caverne à notre disposition, — nous regagnâmes la sortie.

Soudain Ceintras, qui marchait un peu devant moi, s’arrêta, regarda de tous les côtés et s’écria dans un grand geste de folie et de désespoir :

— Mon ombre ! Où est mon ombre ?

La question me parut si saugrenue que je restai un instant ahuri et incapable de rien répondre. Puis, jetant les yeux sur le sol, je m’aperçus que ni l’ombre de Ceintras ni la mienne ne se projetaient nulle part ; les objets étaient aussi éclairés en haut qu’en bas, à droite qu’à gauche… Et, jusque-là, nous ne nous étions pas rendu compte que c’était cette absence absolue d’ombres qui, plus encore que la coloration de la lumière diffuse dans l’atmosphère, donnait au paysage son caractère de rêve, d’impossibilité, tout au moins d’étrangeté hallucinante.

— Mon ombre ! Où est mon ombre ? hurlait toujours Ceintras en se tournant dans tous les sens.

Je crus qu’il continuait à plaisanter et, pour mettre fin à cette comédie énervante :

— En voilà assez ! lui dis-je. Une fois admis que cette lumière ne vient d’aucune source précise et qu’elle est une propriété de l’air en cet endroit de la terre, il est tout naturel qu elle soit partout,