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le peuple du pôle

et il me semblait que chaque jour apportait dans son état mental un mieux sensible ; mais je craignais justement de retarder ou de compromettre par ces révélations trop troublantes une guérison dont il ne fallait pas désespérer.

Je vis venir sans trop d’appréhension la nuit qui suivit celle où je m’étais tenu éveillé. Comme j’avais pu échapper une fois au sommeil magnétique, je m’en croyais délivré pour toujours. Ce fut au milieu de cette belle confiance qu’il me saisit brutalement ; je n’eus même pas le temps de lutter et les songes terrifiants recommencèrent.

À mon réveil, Ceintras était assis par terre devant la porte de la cabine et sanglotait, le front dans les mains.

— Pourquoi pleures-tu ? lui demandai-je.

Il ne parut pas m’entendre et ne cessa pas de gémir. Alors, écartant doucement ses doigts sur son visage, je renouvelai ma question avec plus de force :

— Voyons, Ceintras, pourquoi pleures-tu ?

Il fut secoué d’un brusque frisson, puis son regard égaré, après avoir erré çà et là, rencontra le mien.

— Pourquoi je pleure ? pourquoi ?… Eh bien, je croyais que mes malheurs étaient finis, que je pourrais dormir tranquille : je m’étais si