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le peuple du pôle

bien reposé, l’autre nuit !… Et voilà : à présent, ils reviennent…

— Qui, « ils » ? questionnai-je en m’efforçant de dissimuler mon trouble.

— Eux ! Je ne sais pas comment les nommer, tu comprends… Mais je les sentais bien, ils se penchaient sur moi, me palpaient, me retournaient, me flairaient, et j’étais comme une chose, une pauvre chose qui ne peut pas se défendre, ni crier…

J’essayai de donner à ses idées un autre cours. Mais comme tout ce qu’il me disait concordait avec ce que j’avais éprouvé moi-même ! Pendant mon sommeil en effet, — je m’en rendais bien compte à présent, — j’avais dû subir avec la plus complète inertie le contact mou et froid de tentacules, de pattes, de mains… Et, d’autre part, puisque Ceintras avait dormi tranquillement la nuit où j’avais pu rester éveillé, que conclure de tout cela, sinon que les monstres entrevus, dont la crainte seule entravait l’inquiétante curiosité, avaient profité de notre sommeil et de notre impuissance pour venir nous observer méticuleusement.

Mais que fallait-il penser de ces monstres ? Devais-je dès à présent me résigner à voir en eux l’intelligence du monde polaire, ou n’étaient-ils