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le peuple du pôle

prendre nos dispositions pour les rencontrer, ou pour aller, s’il n’y a pas moyen d’agir autrement, reconquérir le moteur de force.

— Sans doute ! Mais comment pénétrer dans leurs souterrains ?

— Nous avons des cartouches, de la poudre. Nous ferons sauter une de leurs trappes… Oui, c’est cela… Et le plus tôt possible. Cette incertitude est exaspérante… Dis, que penses-tu qu’ils soient, en fin de compte ?

Sur ce point, même si j’avais cru devoir le mettre au courant de ce que je savais, je n’aurais pas pu encore être bien précis. À présent, durant les quelques heures où le soleil seul éclairait le Pôle, les êtres mystérieux ne se laissaient entrevoir que de très loin. Naturellement, j’étais partagé entre la curiosité et la crainte ; il m’arriva souvent de laisser le feu s’éteindre et de simuler le sommeil pour mieux observer les nocturnes visiteurs ; bientôt j’entendais les branches craquer sur leur passage, puis les bruits devenaient plus proches et je distinguais à quelques pas de moi des sortes de chuchotements ; alors la crainte devenait plus forte que la curiosité ; je me levais brusquement, j’enflammais une allumette… et je ne voyais rien que de confuses blancheurs s’évanouissant dans la pénombre.