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le peuple du pôle

Cependant, j’avais la persuasion que, bon gré mal gré, je ne tarderais pas à m’instruire davantage sur leur compte. Évidemment ils s’enhardissaient peu à peu ; le feu ne tarda pas à ne plus les intimider outre mesure et ils apparurent alors à la limite même du cercle lumineux. À plusieurs reprises, réfléchissant que somme toute ils ne nous avaient jamais fait de mal alors même qu’ils eussent pu nous tuer sans aucun risque, je me levai et allai à leur rencontre. Mais le moindre de mes mouvements les mettait en fuite.

Le soir du neuvième jour, énervé au delà de toute expression par mon ignorance anxieuse, j’étais résolu à tout pour les examiner de près et savoir, — savoir, enfin ! — Je m’arrêtai même au dessein d’en abattre un d’un coup de carabine, quelles que pussent être les conséquences de cette téméraire cruauté. Je me revois encore marchant à grands pas au bord du fleuve, le sang brûlé par la fièvre, et répétant à haute voix, comme un dément :

— C’est dit ! Sitôt la nuit venue, j’en tuerai un !

Et je fis halte un instant devant une des portes de fer, gardiennes inexorables du mystère ; je cherchai du regard un arbuste ou un pli de terrain où je pourrais me mettre à l’affût… Soudain, j’entendis le grincement du métal le long des rai-