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le peuple du pôle

— Je vais continuer à y penser. Nous nous heurterons évidemment à des difficultés de toutes sortes. D’abord, nous sera-t-il jamais possible de nous faire entendre de ces créatures ? Leur gosier doit être aussi incapable d’imiter les sons du langage humain que le nôtre de produire et d’assembler d’une manière intelligente les susurrements et les sifflements dont ils usent pour exprimer leurs pensées…

— Tu sais donc aussi que leur langage…

— Oui.

— Et depuis quand ?

— D’une manière certaine, depuis tout à l’heure. Trois de ces singuliers personnages sont apparus soudain au bord du fleuve, à peine à dix mètres de moi… À ma vue, ils se sont arrêtés et après quelques instants d’ahurissement ou de peur, ils se sont mis à converser sans me quitter des yeux ; car ils conversaient, il n’y a pas de doute possible… Si j’étais demeuré immobile, peut-être se seraient-ils encore plus approchés de moi.

— Mais tu as bougé, et alors… Raconte ! raconte !

— À quoi bon ? tu en sais aussi long que moi. Et ce n’est guère le moment de parler en vain…

— Oui ! mais que faire ? mon Dieu ! que faire ?

— … Voient-ils seulement les choses de la