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le peuple du pôle

menace et de défi : « Je ne suis plus fou ! » Et moi, devant cette exaltation de mauvais augure, je craignais qu’au moment même l’affreuse démence ne posât de nouveau ses griffes sur lui !

Dix minutes plus tard nous étions embusqués derrière un buisson, aux environs de la trappe la plus proche. Ceintras, qui avait emporté dans sa poche une bouteille de cognac, buvait de temps à autre une gorgée, avec délice… Notre attente ne fut pas de longue durée. Avant même que la lumière violette eût tout à fait disparu, les monstres sortirent en assez grand nombre. Sur le seuil, ils échangèrent des susurrements en se dandinant et en balançant la tête ; puis ils se tournèrent presque tous à la fois vers le ballon et agitèrent avec animation leurs bras trop courts.

— Vois-tu, dis-je à Ceintras en abaissant autant que possible le ton de ma voix, je suis persuadé qu’un jour nous pourrons parvenir à nous faire comprendre… Fais abstraction de leur aspect odieux et inouï : est-ce que le sens de ce qu’ils pensent ou disent ne t’apparaît pas clairement ? La traduction se fait tout naturellement en mon esprit : « Que deviennent les êtres qui nous sont arrivés par les chemins du ciel ? Irons-nous voir ce qui se passe ? — Sont-ils dangereux ? — Non ! — Si ! — En tout cas, ils ne sont pas