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le peuple du pôle

nous enfouîmes, surmontant notre répulsion, entre deux couches de petits corps froids, humides et visqueux dont les vertèbres, au-dessous de nous, craquèrent écrasées, et qui, sur nos mains et nos visages, s’agitaient dans les dernières convulsions de l’asphyxie. Déjà plus qu’à moitié suffoqués par leur odeur écœurante, nous nous crûmes définitivement étouffés lorsque les monstres, au moment de regagner leurs demeures souterraines, empilèrent au-dessus de nous d’autres poissons pour remplir complètement le chariot. Nous ménageâmes tant bien que mal un passage pour que l’air pût arriver jusqu’à nos bouches ; puis nous sentîmes le véhicule s’ébranler. Un instant après, le retentissement à l’infini du bruit qu’il faisait en roulant nous apprit que le libre firmament n’arrondissait plus sur nous sa voûte illimitée et que nous étions dans les entrailles de la terre, en route vers l’inconnu.