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le peuple du pôle

j’avais parlé très haut : de toutes façons, il devenait donc inutile d’hésiter sur la décision à prendre… Nous sortîmes de notre cachette souillés, visqueux, puants. Un premier coup d’œil suffit à nous convaincre que, pour le moment, nous étions seuls dans la cuisine ou l’une des cuisines de la communauté polaire.

C’était une salle circulaire d’un diamètre de trente mètres environ, dont le plafond, étayé par quatre piliers de granit, formait une sorte de coupole. L’endroit ne manquait pas d’une certaine majesté. Sur de longues tables de pierre gisaient des poissons éventrés ; au milieu de la salle, entre les quatre piliers, nous trouvâmes une sorte d’immense gril fait de minces tiges de fer parallèles qu’un courant électrique portait à une température élevée : je m’aperçus de ce détail à mes dépens après avoir sans méfiance posé une main sur l’appareil.

Comme c’était à prévoir, les monstres ne tardèrent pas à paraître. Au grand dépit de Ceintras, qui se réjouissait à l’avance de « la tête qu’ils allaient faire et du bon tour que nous leur avions joué », ils ne manifestèrent pas outre mesure leur stupéfaction. En réalité, sur leurs visages, il nous était bien difficile de lire les sentiments qu’ils éprouvaient. Nous ne pouvions même jamais