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le peuple du pôle

être sûrs qu’ils parlaient de nous ; les attitudes usitées dans telle ou telle circonstance d’une vie sociale sont si souvent à l’opposé de celles que la nature et la logique sembleraient indiquer ! N’est-il pas inconvenant, dans nos pays civilisés, de montrer du doigt la personne dont on parle ?

En tout cas ils se mirent vite au travail, sans paraître nous prêter grande attention. Certains nettoyaient les poissons, d’autres les disposaient sur le gril ; d’autres vidaient les chariots ; ceux-ci se contentèrent de nous regarder avec insistance, quand ils arrivèrent au chariot dans lequel nous nous étions cachés et dont nous avions à coup sûr endommagé le chargement.

Des halètements énormes de machines parvenaient jusqu’à nous par les quatre galeries qui aboutissaient à la cuisine polaire. Nous résolûmes de suivre au hasard l’une d’elles. Si, comme tout nous portait à le croire, le peuple du Pôle nous avait subtilisé noire moteur pour en étudier le fonctionnement, il devait se trouver en ce moment dans le domaine des mécaniciens et des savants, non dans celui des cuisiniers. Du reste, il faut bien avouer, — si insensé que cela puisse paraître, — que la raison primitive de notre expédition souterraine ne s’imposait déjà plus très