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le peuple du pôle

pour les attributs de Dieu ou les conséquences de sa bonté, ils nous prouvent merveilleusement aujourd’hui, après avoir transformé à la longue la force qu’ils avaient à leur disposition en principe même de vie, que toute créature douée d’intelligence et de raison risque d’être victime d’une illusion en supposant qu’elle n’est pas pour elle-même son unique Providence.

À la plupart des carrefours du monde polaire on entend le grondement tumultueux de l’eau bouillante emprisonnée dans d’énormes tuyaux de métal. Une fois même, ayant suivi longtemps une galerie qui descendait en pente rapide, nous atteignîmes les bords d’un gouffre colossal tout embué de vapeur suffocante, au fond duquel, invisible, le fleuve souterrain ou une de ses ramifications les plus considérables tombait en cataracte et roulait avec un fracas de tonnerre. Ce fut à peine si dans l’opaque buée nous pûmes distinguer à quelques mètres de nous une immense roue, — fantôme effarant de machine, — qui, entraînée par la force de la chute ou du courant, tournait avec une indescriptible vélocité.

Il est hors de doute (et il me semble qu’on peut pressentir dès à présent ce fait qui un instant plus tôt eût été bien difficile à concevoir) que les monstres polaires fabriquent eux-mêmes la