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le peuple du pôle

trop complexe pour que des siècles ne nous séparent pas encore du jour où elle réalisera son idéal social, si tant est qu’elle le réalise jamais ; même aux yeux des plus optimistes nos mœurs, nos lois et nos gouvernements actuels ne peuvent être autre chose que de grossières ébauches, sinon de ridicules caricatures de cet idéal inaccessible ou infiniment lointain. En revanche, dans le microcosme polaire, tout est si merveilleusement réglé et ordonné que, devant les moindres manifestations de son activité, on a l’impression de ce déterminisme harmonieux qui préside aux mouvements des machines. Qu’un organe de cette machine soit défectueux, on le supprime sans vaine et misérable pitié et on le remplace par un autre qu’on a sous la main, tout prêt. En effet, nous ne tardâmes pas à constater au cours de notre exploration souterraine que certains monstres, ceux surtout qui étaient chargés de fonctions importantes, difficiles et dont l’exercice exigeait une certaine accoutumance, avaient toujours à leurs côtés un « double », un compagnon immobile et attentif dont ils ne se séparaient pas et qui était indubitablement leur successeur éventuel.

Nous assistâmes presque consécutivement à trois suppressions de monstres. Ils s’égorgèrent eux-mêmes, tout simplement, sans que ceux de