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le peuple du pôle

leurs congénères qui assistaient à cette étrange opération parussent manifester aucun trouble. Encore une fois, sur de tels visages, il est impossible qu’un homme lise les sentiments avec quelque certitude ; cependant de l’attitude des victimes, de la tranquillité avec laquelle elles allaient présenter leur gorge à une machine d’où surgissait une sorte de poignard après un déclic qu’elles provoquaient de leur propre main, il faut conclure que ce droit à la vie que réclament si éperdument les humains sur la foi de quelques-uns de leurs prophètes moraux est remplacé chez les créatures polaires par la conviction profondément enracinée de la nécessité de la mort en certaines circonstances.

Aussi, les vieux monstres sont-ils infiniment rares ; en ce qui me concerne, tant que j’ai vécu parmi le peuple du Pôle, je suis à peu près persuadé de n’en avoir rencontré qu’un. Et, à franchement parler, si l’on excepte quelques fonctions où une grande habitude et une extrême pondération sont les qualités requises, il est bien évident qu’au delà d’un âge relativement peu avancé, l’individu devient inférieur à lui-même et à sa tâche. C’est aux vieillards que, par suite d’une inexplicable aberration, sont confiés les emplois les plus considérables dans les sociétés humaines.