et venir tout seuls, furent examinés par dix monstres de sexes divers qui en firent un triage minutieux, placèrent les uns dans de petites niches aménagées contre le mur, et entassèrent sans précaution le plus grand nombre dans des cages de fer. Ensuite, deux nouveaux monstres survinrent qui ouvrirent un robinet aménagé dans un coin et remplirent d’eau bouillante une bassine de métal où les cages et les petites créatures grouillantes furent plongées sans plus de façon. Nous n’avions pu assister à ce spectacle sans éprouver un sentiment de révolte ou d’écœurement ; ce fut bien pis lorsque, quelques instants plus tard, nous eûmes l’occasion de voir comment se terminait cette atroce cérémonie.
L’animation, dans la nursery, devenait de plus en plus grande. De toutes parts le peuple du Pôle accourait ; la salle étant à peu près comble, quelques-uns se postèrent aux portes, en défendirent l’accès et expulsèrent même certains des derniers venus. Quand l’eau de deux horloges polaires qui se trouvaient au-dessus de la bassine se fut complètement écoulée, on retira les cages de l’eau, les jeunes monstres bouillis des cages, après quoi les assistants les répartirent entre eux équitablement et se mirent à les manger avec divers gestes qui exprimaient à n’en point douter