tait la grande bielle éblouissante, nous tombâmes dans une véritable nursery. Sous la surveillance de quelques femelles, nous vîmes s’ébattre une vingtaine de petits monstres qui, à notre approche, saisis d’une folle terreur, allèrent se blottir dans le giron de leurs gardiennes ; ils avaient des fronts énormes, disproportionnés, où rayonnaient au-dessus de chaque œil des faisceaux de grosses veines frémissantes ; leur peau était d’une blancheur lactée ; l’aspect de leurs membres donnait une impression extraordinaire de fragilité, d’inconsistance même, et malgré ma curiosité je n’osai pas m’emparer de l’un d’eux qui, en fuyant, passa presque à portée de ma main, par crainte de l’écraser ou de le briser. Tout autour de la salle, — preuve définitive de la nature saurienne du peuple du Pôle, — des œufs étaient alignés sur des appareils du genre de nos couveuses artificielles. Leurs dimensions étaient à peu près celles des œufs d’autruches, mais, en l’absence de tout tégument calcaire, ils n’avaient qu’une enveloppe membraneuse bleuâtre, diaphane, à travers laquelle apparaissait la silhouette courbe du monstre près d’éclore.
Nous assistâmes même, deux jours plus tard, à l’éclosion en masse de ces œufs. Les nouveau nés, qui étaient presque immédiatement capables d’aller