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le peuple du pôle

reste notre langage) ne signifierait rien pour eux, La reproduction, dans leur société, est assurément considérée comme une mission générale dont chaque individu doit s’acquitter en plus de sa tâche particulière. Point de pères, de mères, ni d’enfants. Les œufs, immédiatement après la ponte, sont remis à des fonctionnaires qui les font éclore par des procédés mécaniques ; ils sont anonymes et appartiennent à la collectivité. D’autre part, ne l’oublions pas, c’est pour la race polaire une question de vie ou de mort que la population n’excède pas un certain nombre ; il faut donc nécessairement sacrifier quelques-uns des petits. Ceci entendu, on excusera aussi le peuple du Pôle de laisser éclore ces condamnés à mort et de les manger, puisqu’il se procure ainsi, pour le même prix, sans surcroît de peine, une nourriture qu’il juge substantielle et succulente. Du reste, pour bien montrer que certaines règles de moralité qu’on juge volontiers éternelles et imprescriptibles varient selon les époques et les habitudes au cœur même de la patrie humaine, je rappellerai qu’il y a cinquante ans, chez certaines peuplades de l’Océanie, c’était le fait d’un fils respectueux et bien élevé d’égorger son père chargé d’ans et d’en manger la chair ingénieusement accommodée… Bien entendu, je n’ai eu