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le peuple du pôle

nullement l’intention d’écrire ici un panégyrique des coutumes polaires ; je me borne à faire constater que toutes ces coutumes sont les conséquences d’une clairvoyante et implacable raison.

Ce fut durant une période à peu près équivalente à la durée de huit jours terrestres que nous recueillîmes au hasard ces observations ; naturellement, par la suite, elles se complétèrent et s’ordonnèrent peu à peu dans mon esprit. — À présent, par suite de cette facilité avec laquelle les monstres semblent avoir toujours pris leur parti des actes que nous accomplissions contre leurs désirs, nous circulions à notre gré dans le monde polaire ; les trappes, aux heures claires comme aux heures sombres, restaient ouvertes, mais, bien que pourvus d’une lanterne à acétylène et d’une bonne provision de carbure, nous profitions de la nuit pour aller manger ou dormir dans le ballon. À ce moment-là, d’ailleurs, le sous-sol du Pôle n’offrait plus grand intérêt. Le bourdonnement des machines faisait trêve, il n’y avait plus dans les longues galeries et les hautes salles que du silence et de l’immobilité et tandis que, parmi les monstres, les uns s’étendaient sur le sol pour prendre les courtes minutes de repos dont se contente leur organisme, les autres erraient sur les rives du fleuve en quête de plantes