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le peuple du pôle

la violence du choc, ne semblait pas avoir été endommagé. Mais, incliné en avant, il avait un aspect chaviré tout à fait lamentable, il évoquait l’idée sinistre d’une épave après un naufrage sans espoir. Et une fois de plus je me sentis accablé par le sentiment d’une puissance contre laquelle l’intelligence humaine n’est rien, ne peut rien.

Tandis que j’allais au secours de Ceintras, quelque chose me frôla légèrement. Attirés sans doute par ses cris, deux monstres venaient d’arriver. Ils se mirent aussitôt à converser en agitant ridiculement leurs bras trop courts. Et moi, comme s’ils avaient pu m’entendre, m’étant jeté à genoux devant eux, je les suppliais de nous venir en aide !

— Sales bêtes, ignobles bêtes ! hurlait Ceintras, le corps crispé par la souffrance et la colère.

— Tâche d’être calme et de te taire, suppliais-je.

— C’est facile à dire… Mais je souffre… oh ! je souffre, j’ai certainement un doigt écrasé…

À ce moment, les monstres se penchèrent vers lui, et, avant qu’il m’eût été possible de prévenir son mouvement, de sa main restée libre il frappa violemment l’un d’eux au visage. Le monstre bondit en arrière en poussant un cri, puis après quelques susurrements, il disparut avec son compagnon.