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le peuple du pôle

gré le vent contraire, nous avancions à une assez bonne allure. Déjà les murailles de brume qui encerclent le territoire polaire devenaient plus proches. Dans quelques minutes allait disparaître l’obsession de cette fatigante clarté violette qui, même lorsqu’on ferme les yeux, persiste en taches lumineuses sous les paupières, et les deux monstres qui nous accompagnaient, laissant un univers dont on peut apercevoir les limites et compter les habitants, pénétreraient dans un autre univers dont l’étendue immense est peuplée d’êtres innombrables.

— Demain peut-être, dit Ceintras, nous nous demanderons si tout cela n’a pas été un pénible cauchemar.

— Mais les deux monstres seront là pour nous prouver que nous n’avons pas rêvé.

Il y eut un silence que je rompis brusquement :

— Écoute, Ceintras, si tu le veux, notre voyage, en effet, ne sera qu’un rêve. Tout se passera comme si ce monde n’avait jamais existé. Nous allons atterrir, déposer ces deux êtres, revenir sans eux chez les hommes et ne jamais parler de ce que nous avons vu.

— Tu es fou !

— Non, je ne suis pas fou, mais, ces créatures,