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le peuple du pôle

bouchée, bien que nos hommes tombassent littéralement de fatigue, il se remit à l’ouvrage. Deux jours plus tard le ballon était complètement remonté.

Ceintras, déçu ou taciturne, était simplement ennuyeux ; devenu joyeux et expansif, il fut absolument insupportable. Il se précipitait vers moi avec effusion, me nommait son cher ami, m’accablait des manifestations d’une soudaine tendresse, et tout cela avait pour intermède son intolérable « Viens, Poupoule » dont il soulignait chaque mesure d’un claquement de doigts ou d’un pas de danse grotesque. — Oh ! cet odieux refrain dont l’obsession a survécu à tant d’aventures et qui bourdonne encore à mes oreilles à l’heure où j’écris ces lignes !

Nous allions, dès le lendemain, entrer dans la période des essais. En attendant, Ceintras prépara les documents destinés à illustrer sa gloire. Je dus le photographier dans la nacelle, au volant de direction, entouré de nos ouvriers, sur le seuil du hangar, dans toutes les poses, dans tous les costumes… Et, sur chaque châssis, il collait soigneusement des bouts de papier où étaient inscrites les explications qu’il espérait voir, plus tard, reproduites dans les magazines…

— D’ailleurs, me disait-il avec un sérieux im-