gambadant et en battant des mains, à la stupéfaction des ouvriers qui le soupçonnaient, sans doute, de s’être livré à des libations un peu trop copieuses. Puis, un peu calmé par ces démonstrations ridicules, il revint au désir qui l’avait tourmenté de tout temps, et me dit en affectant un ton détaché :
— On pourrait, peut-être, envoyer un télégramme aux journaux, pour mentionner notre départ ?… Nous avons évidemment bien des chances de réussir, mais enfin, si nous ne revenions pas ?…
— Si nous ne revenions pas, comme je te l’ai répété souvent sans que tu veuilles m’entendre, nos ouvriers communiqueraient, au bout de deux mois, le procès-verbal que nous dresserons avant de partir, et l’équipage du bâtiment qui nous conduira au lieu du départ serait là lui aussi pour attester la vérité.
Il finit par se laisser convaincre qu’ainsi tout allait bien et courut au chantier, bouleversant les caisses, donnant des ordres, affolant les ouvriers, travaillant lui-même avec acharnement et fredonnant gaillardement le premier couplet de « Viens, Poupoule !… »
Je fus obligé de l’entraîner de force pour lui faire prendre un peu de nourriture et à la dernière