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le peuple du pôle

l’enveloppe une certaine quantité de l’hydrogène comprimé tenu en réserve dans les obus. Comme on le voit ce dispositif ne nous permettait pas seulement de nous dispenser de lest, il nous donnait aussi la faculté précieuse d’atterrir où bon nous semblerait et de repartir ensuite à notre gré.

Il y avait dans la lente ascension de la machine se délivrant pour la première fois des chaînes de la pesanteur tant de souple docilité jointe à tant de majestueuse puissance, que toutes sortes d’émotions puissantes, — orgueil, admiration, respect presque religieux de nous-même et de l’œuvre, — firent battre éperdument nos cœurs. En vérité ces triomphales minutes n’étaient pas payées trop cher par les inquiétudes, les ennuis et les mille difficultés exaspérantes au milieu desquelles je me débattais depuis de longs mois. Lorsque le moment décisif fut arrivé, que nous eûmes atteint l’altitude suffisante et que Ceintras, fermant pour un instant le tuyau par lequel l’air chaud arrivait dans l’enveloppe, eut embrayé l’hélice propulsive, toutes nos querelles, tous nos dissentiments furent oubliés, et nos mains s’étreignirent tandis que nous cherchions en vain des mots dignes d’exprimer notre bonheur et notre mutuelle reconnaissance.

Tout cela était d’un heureux augure et il faut